Wednesday, February 17, 2010

No other choice than to Tango with you or over you #10

Suite à la tribune de l'eurodéputé et président du parti Libéral du Parlement européen M. Verhofstad, inquiet des implications ambigües qu'emporte le débat français sur l'identité nationale (voir notre post "There is no other choice... #9), et malgré la fin annoncée du débat pour cause de populisme finalement jugé inutilement excessif par le gouvernement français, M.Jean-Pierre Audy a jugé nécessaire de faire part de son mécontentement.

Telle est sa charge puisqu'en responsable de la délégation française pour le gouvernement à l'assemblée européenne, il se doit de réagir à la mise en cause de l'initiative gouvernementale.

Aussi juge-t-il "extrêmement désobligeant à l'égard de la République française" dans un communiqué de presse du douze février destiné à passer inapperçu.

Mais il y a l'art et la manière de le faire et, le noviciat de M. Audy ne l'aide guère à réussir ce service commandé.

Il regrette qu'un eurodéputé "s'immisce dans ce qui relève de la compétence d'un gouvernement".

Il feint ensuite de regretter la critique de l'opportunité du débat ("au moment où de grandes évolutions planétaires affectent l'ensemble des civilisations") quand M. Verhofstad en déplorait les termes.

M. Audy devrait en réalité regretter sa propre ignorance.

Il ignore les relations confraternelles privilégiées entre la Belgique et la France. Et puis la francophonie, il n'est jamais trop tard pour l'apprendre, implique des soucis de famille: on insiste pour que la famille éloignée se porte bien. M. Verhofstad s'inquiète de cette toux persistante qui bruisse le débat français. Son attention devrait plutôt rassurer, surtoutde la part d'un libéral peu éloigné de la famille politique de M. Audy.

M. Audy ignore - funeste sort!- les implications des relations d'amour où la nécessité fait loi et où des vérités sont bonnes à dire, même d'un ton pacifié et d'un regret contenu comme celui du francophile et ancien premier ministre belge.

M. Audy ignore enfin que dans l'Union Européenne les turbulences d'un pays impactent le reste de l'Union et peuvent même l'inquiéter; l'indépendance identitaire n'est - au mieux- qu'une nostalgie.

Point d'ingérence donc dans l'inquiétude de M. Verhostad à l'égard des essais de définitions de l'identité française.

M. Audy est un eurodéputé novice; pour son excuse, l'exercice de son mandat n'a que sept mois au compteur. Sans doute n'a-t-il pas eu le temps de réaliser que l'UE a recentré le rôle des représentants directs des citoyens européens: le parlement national a droit de regard sur la subsidiarité de l'Europe désormais et le parlement européen, bien décidé à faire entrer l'UE dans une "ère parlementaire", ne se prive pas de regarder la France comme les vingt-six autres Etat, à savoir avec intérêt et attente (cf la Roumanie et ses minorités tziganes, l'Italie et sa gestion des flux migratoires, l'Autriche et Jorg Haider, la Pologne et le traitement des homosexuels, etc).

Un gouvernement national peut avoir en effet pour compétence d'imposer un 'débat' sur la nature de l'identité nationale à ces sujets, comme le souligne M. Audy. Croire que les vint-six autres pays de l'Union resteraient muets devant les dérapages identitaires et unanimement regretés relève d'un autre âge politique à l'heure d'une Union européenne politique et d'un territoire culturel 'globalisé'.

M. Audy aurait pu avoir juridiquement raison à propos des compétences nationales mais à l'évidence a politiquement tort. "Uni dans la diversité" est un principe directeur qui a échappé à la prise de son mandat: il est au fronton de l'Union européenne que lui et son parti majoriatire au Parlement européen servent.

I.Kipbustin, Andy Warhol & the e-Factory

MISE A JOUR DU 3 MARS 2010:
Le journal Libération met en lumière une nouvelle fois les discriminations anti-francophones pratiquées en Flandre et apostrophe l'eurodéputé Verhofstad pour son silence à ce propos qui, de fait, devient assourdissant après sa dénonciation des dérives xénophobes du débat français sur l'identité nationale. A lire ici.

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