«Le bolide bolidait sur l’autoroute des hôtes informés, la nuit monoxyde étouffait les phares mais à l’arrière le Saint-Emilion tanguait.
L’hypophyse en zénith dans le haut de la nuque, passager C badinait dans la soie des sentiments mais le Saint-Emilion clapotait ses pensées, tentait -il le sentait- de faire main basse sur son zénith nocturne. Il trompait la menace en fondant sa main dans celle, fine et longue, que le sort esthétique ne lui avait pas encore volé.
Un message radio réveilla la nuit: «Attenzione, attenzione, vomissure dans trente secondes: passager C, baissez fissa la vitre bolidante. Attenzione, attenzione.».
«Emilion! Emilion!» cria l’équipée.
Le dipsomane passa la tête dans le vent pour désinhiber sa gorge avec conformité. Saint-Emilion tangua de plus en plus haut, clapotit, clapota, les chairs inquiètes s’essorèrent, puis les à-coups raclèrent l’oesophage, emportèrent de la silicone usée et expulsèrent enfin la Sainte bile chamane de l’Emilion. La vitesse recueillait les saintes expulsions, les modelait en sphères anonymes aussitôt transportées sur les autres pare-brises loin dans la nuit monoxyde.
A la faveur des coups de volant désopilant du passager A sur le béton durable, le bolide bolidant volutait les Saintes-expulsions grumiques que les phares adverses incendiaient. Inspiré par ces courbes, passager C entonna la Marseillaise pendant ces Saints-dégorgements, ce que l’équipée reprit en coeur: le XXIème siècle avait le futur incertain mais le présent intense.
Une fois soulagé, passager C se retira du vent. Il s’essuya alors la fatigue, retira quelques morceaux de sainteté d'entre ses dents et se retourna la bouche en coeur vers la source brune de son zénith délesté. Incrédule, la source lui signifia fermement une peur facialesque. Le bolide bolidait, certes, mais le rinçage devait attendre: la bouteille d’eau autoroutée la plus proche était au moins à une centaine de kilomètres.
La source brune lui prit toutefois la main sur la banquette: la tentation impossibilesque, telle était donc la définition de l’enfer.»
Pierrot Lapoisse, ‘CO2 mon amour’ (2019)
Twilight instrumental
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I always wanted a music blog. (On Spotify as Will Schofield.)
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